QUAND L’HOPITAL PUBLIC NE RECRUTE PLUS…

30 juin 2023 par APH

Quatre jours avant la grève des praticiens hospitaliers pour la reprise des négociations sur l’attractivité des carrières médicales hospitalières, le Centre National de Gestion publie les résultats du tour de recrutement du printemps 20231. Force est de constater que 30 % seulement des postes vacants publiés sont pourvus, et que le nombre de candidats inscrits est inférieur à la « saison » 2022. Si les statistiques des PH 2023 n’ont toujours pas été rendues publiques, on peut s’inquiéter de savoir si les prises de postes de PH compenseront les départs. L’attractivité promise par le Ministère chargé de la Santé et par les signataires du Ségur du « nouveau statut de PH » (février 2022) n’est pas au rendez-vous.


Le Centre National de Gestion confirme donc un élément irréfutable de la perte d’attractivité du statut de praticiens hospitaliers. Action Praticiens Hôpital avait immédiatement alerté de l’aridité des mesures du Ségur et vous pouvez constater l’effet du Ségur sur l’attractivité des carrières de praticiens avec 30% seulement des postes publiés qui ont vu un praticien hospitalier s’engager en 2022 pour l’hôpital public. Doit-on rappeler que les établissements de santé ne publient pas déjà l’intégralité des postes vacants et que les quotités des postes proposés ne sont plus à 100% ? La désertification médicale hospitalière est en marche mais ne serait-elle pas organisée !

Le taux de vacance de postes de PH dépassait, il y a dix-huit mois (dernières données publiques), 30 % en moyenne et 40 % dans certaines spécialités, notamment à forte contrainte en permanence des soins. C’est sans doute pire, voire inavouable.

L’hôpital est en ruine, et s’est vidé de ses médecins. Il n’est plus capable d’assurer correctement sa mission de service public auprès de nos concitoyens, et on s’y serait presque résignés, habitués. « On », mais pas les praticiens hospitaliers.

Le mouvement de grève lancé par APH, et repris par la totalité des organisations syndicales représentatives, qui aura lieu du 3 au 4 juillet 2023, s’annonce d’une ampleur inédite. Selon les remontées dont dispose Action Praticiens Hôpital, des services, des hôpitaux atteignent des taux de mobilisation au-delà de 50 %, et jusqu’à 100 % : du jamais vu, à hauteur de la colère des praticiens devant la destruction de leur outil de travail, devant la totale perte de sens de leur métier.

APH n’a pas signé le Ségur, n’a pas validé la réforme du statut de PH. APH a des propositions bien plus ambitieuses, réalistes, honnêtes, efficaces et indispensables pour améliorer l’attractivité des carrières médicales, notamment sur les deux thématiques centrales qu’avait choisi d’aborder le Ministre de la Santé de la Prévention en priorité au printemps 2023 :

  • La correction de l’injustice des 4 ans d’ancienneté, non octroyés aux PH nommés avant le 1er
  • octobre 2020
  • L’ouverture du chantier de la permanence des soins.

La presse s’est fait l’écho d’une entrevue des organisations syndicales avec le Ministre de la Santé et de la Prévention qui aurait lieu le 4 juillet 2023.
APH n’attend pas un simple rendez-vous avec le cabinet du Ministre de la Santé et de la Prévention. La cacophonie de l’exécutif – entre volonté affichée du Ministère de la Santé et de la Prévention d’avancer ces dossiers, et refus de Bercy et de Matignon d’allouer l’enveloppe budgétaire prévue – montre que la gestion interministérielle de ces négociations est un échec.

APH demande un rendez-vous de toute urgence au Président de la République, qui s’était engagé sur la valorisation des carrières et du travail de nuit le 6 janvier 2023.

La colère des praticiens est historique. Le mépris de ceux qui ont soigné nos concitoyens pendant la pandémie COVID et qui tiennent encore coute que coute doit immédiatement cesser.

(1) Tour de recrutement de printemps des praticiens hospitaliers (PH) : une baisse du nombre de
candidatures