Grève des praticiens hospitaliers les 3 et 4 juillet, comment en sommes-nous arrivés là ?

21 juin 2023 par APH

De nombreux collègues nous ont interpellé sur les raisons de ces deux jours consécutifs de grève pour les praticiens hospitaliers. Il nous apparaît aujourd’hui nécessaire d’apporter quelques précisions sur la genèse de ce mouvement.


Beaucoup de praticiens hospitaliers se sont sentis humiliés par les nouvelles dispositions statutaires engendrées par les négociations du « Ségur de la santé », elles-mêmes impactées par les concertations précédentes de « Ma santé 2022 » raison pour laquelle nous avions porté cette affaire devant le Conseil d’État.
La disparition des trois premiers échelons de la grille salariale dans un premier temps puis, quelques semaines après, la création de trois échelons supplémentaires en fin de grille, sans reclassement de l’ensemble du corps des praticiens hospitaliers dans cette nouvelle grille et donc sans tenir compte de l’ensemble de la durée des services accomplis a semé la zizanie dans notre corps professionnel.
Nous avons été déboutés par le Conseil d’État pour la simple raison qu’il n’y avait pas d’inversion de carrière au sein du corps, c’est-à-dire, qu’aucun praticien déjà nommé n’en a dépassé un autre. Seuls les nouveaux entrants rattrapaient voire dépassaient les précédents ce qui n’a pas été jugé illégal par le Conseil d’État.

Pour notre part, nous avons toujours trouvé cela injuste et inéquitable et depuis 2020 nous portons systématiquement le message suivant devant nos tutelles : « Rendez-nous nos quatre ans. » Très peu de PH nommés avant octobre 2020 atteindront le dernier échelon de la nouvelle grille car il faut désormais 36 années d’ancienneté contrre 32 pour les néo-nommés de 2020.

Consciente de cette « maladresse » ou anomalie, des concertations étaient en cours avec la DGOS sous l’égide du Ministère de la Santé et de la Prévention sur ce sujet majeur ainsi que sur la revalorisation de la permanence des soins, autre dossier essentiel, oublié du Ségur et très partiellement traité par les mesures provisoires de majoration mises en place il y a presque un an, déjà plusieurs fois reconduites mais sans aucune assurance de pérennité et oubliant totalement les astreintes.

Ces concertations avaient été obtenues sous la menace de grève exprimée et portée par APH avec l’ensemble de ses composantes syndicales, il y a quelques mois.

Elles devaient évoluer vers des négociations, c’est-à-dire des décisions financées et pérennes.

L’application de la loi Rist sur le nécessaire encadrement de l’intérim, devait engendrer quelques économies qui auraient pu être reversées sur les rémunérations des praticiens hospitaliers bien plus engagés. La floraison au printemps des contrats dits de type 2 dans de très nombreux établissements en difficulté, qui permettent la rémunération d’un praticien au-delà de la grille salariale actuelle des PH titulaires a très rapidement fait fondre cette manne financière escomptée.

Le 12 mai, coup de théâtre, l’enveloppe annoncée n’est pas au rendez-vous et l’ensemble des réunions prévues sur ces deux sujets majeurs sont annulées par la DGOS. Depuis, ces deux sujets sont au point mort.

APH et ses composantes décident donc d’un mouvement de grève pour le 3 juillet et APH dépose un préavis en ce sens dans la soirée du 8 juin.

Comme toujours, nous invitons l’ensemble des intersyndicales représentatives à nous suivre dans ce mouvement qui concerne tous les praticiens hospitaliers et transcende les spécialités. Le lendemain, nous apprenons par la presse qu’un préavis commun est déposé par la CMH, le SNAM-HP et l’INPH pour le 4 juillet. Il semblerait que la phrase de notre préavis qualifiant le Ségur de la santé de « négociations bâclées » ait déplu à ces trois intersyndicales signataires.

Nous ne pouvons que regretter ce mouvement d’humeur et cette attitude qui divise en mettant en danger ce mouvement et ainsi l’expression des praticiens hospitaliers. Nous aurions pu porter ensemble ce message simple et consensuel sur les quatre ans et la permanence des soins, ce ne sera pas le cas, à notre plus grand regret !

Les praticiens devront donc choisir entre ces deux jours pour faire grève, ou participer aux deux, ce qui serait encore mieux. Ce qui est certain, c’est que l’absence de choix et de mobilisation sur l’un de ces jours finira d’enterrer ces deux sujets pour le plus grand bonheur du ministère des finances. Cette attitude passive porterait un coup très dur à l’ensemble des organisations syndicales de praticiens hospitaliers qui se battent au quotidien pour la défense de l’exercice médical hospitalier.

Notre message est clair : la renonciation est le pire des choix. Choisissez le lundi, choisissez le mardi, peu importe mais exprimez-vous et faites entendre votre colère et votre exaspération.

Notre pays a besoin d’un hôpital public fort, performant et moderne et ce dernier a besoin de praticiens hospitaliers fiers et engagés. Ensemble, réclamons ces mesures de justices et d’équité que nous méritons très largement.

APH, ainsi que ses composantes, a déposé un préavis de 24 heures du lundi 8h au mardi 8h et vous accompagne au sein de votre service en mettant à votre disposition sur son site différents documents pour vous aider à vous associer à ce mouvement. Une heure, une journée, faites ce que vous pouvez mais…faites-le !